Le début du mois de ramadan permet à la presse française de sortir le maronnier : que les jeunes Français de famille musulmane adorent montrer qu'ils le font (même quand ils sont trop jeunes ou bien trop au-delà de leurs limites physiques, etc.), que les entreprises françaises en profitent pour vendre produits alimentaires et gadgets, qu'entreprises maghrébines jonglent avec les conflictuelles dates calendaires et agricoles, mêts traditionnels obligent. Le Figaro signale également que les adolescents musulmans sont aussi crédules que tous les autres adolescents puisqu'ils croient dans les premiers hoax venus, même les plus stupides : Coca Cola est une boisson alcoolisée, tel produits à la mode financent l'armée israélienne, etc.
Des jeunes comme les autres donc.
Ce pourrait être la morale du film Neuilly sa mère ! après avoir confronté des personnages tirés de la majorité des cités à ceux tirés de la haute bourgeoisie de Neuilly-sur-Seine, en banlieue parisienne (merci de réviser le concept « banlieue » en géographie). Beaucoup d'apparence des deux côtés, des croyances éternelles (le combat de la jeune femme en faveur des sans-papiers qu'elle épouserait tous pour les sauver de l'extradition).
Des jeunes quoi qui tous cherchent leur place, certains la trouvant plus facilement que d'autres... Cependant, il faut attendre que le héros quitte sa cité pour découvrir un certain plaisir à aller à l'école (le béguin peut aider). Y aura-t-il une suite utopiste imaginant ce que donnerait le projet montré dans la dernière séquence ?
Et un islam du quotidien rappelé, loin de l'extrémisme, loin de la criminalité avec l'interdit alimentaire du cochon. Bien que vendant de la viande de porc, le chef de famille et sa seconde épouse d'origine marocaine laissent libre chacun de son repas, sans sur-insistance... Celui qui insiste dans un sens ou dans l'autre se ridiculisant en colère vaine et punie ou en cauchemar dérisoire (merci Zizou).
Dans le même temps, on débusque sur quelques écrans le film indien de 2007, Saawariya, de Sanjay Leela Bhansali. Un réalisateur toujours entre grands décors, sentiments exacerbés (Devdas) et conte (Black).
Ici, une ville de toutes les villes, un quartier festif empli de cabarets, de prostituées et de demeures d'anciennes grandes familles dont une chambre est louée par les veuves. Un jeune homme rêveur et artiste, pourtant loin des drames de l'amour et prompt à soulager les peines d'âme des femmes, va découvrir l'amour sans contrepartie. La bien aimée, isolée par une mère aveugle et inquiète de voir partir sa dernière enfant, vit depuis un an de ses attentes nocturnes sur le pont où son mystérieux aimé a promis de revenir la nuit de l'Aïd.
Voici un film dans une ville aux populations mêlées (la veuve anglo-hindish, l'aimé pieux musulman), aux religions diverses (statue de Bouddha, fête de l'Aïd, injonction à Allah, Bible et crucifix), mais sans que ces éléments religieux alourdissent le thème, s'imposent aux personnages. C'est normal que la foule surveille l'apparition de la nouvelle lune, que les femmes se promènent dans les rues sans être importuné par un homme, que le héros fantasme - seul - dans sa chambre.
Même si, finalement, je remarque que les deux plus pieux fidèles à leurs promesses devant Dieu ... (spoilers ôtés), la prostituée narratrice rappelle que même les autres connaissent le bonheur de Dieu, after a fashion.