2009/08/03

Electromind : le respect de son public

J'avoue avoir souri narquoisement samedi soir pendant l'orage en me rappelant qu'Electromind, festival de musique électronique, avait lieu à l'espace boueux de Grammont. Mais, en pensant que ça n'arrêterait personne et qu'en fond de nuit, j'aurais les basses qui berceraient mon insomnie événementielle.

Midi libre du jour conte une soirée assez spéciale. Je résume :
- une organisation qui n'a pas protégé les scènes et l'électricité, donc incapable de garantir la sécurité des artistes et du matériel coûteux après une simple averse orageuse montpelliéraine de vingt minutes (les Bretons et les Allemands sont déjà écroulés de rire sur les forums de discussion electro) alors que le vrai orage avec éclairs n'eut lieu que vers quatre heures ;
- un public lent à quitter les lieux à la seconde même où l'annulation/remboursement est annoncé (et peu répété d'après les témoignages trouvés sur les forums)... Un peu excité et alcoolisé, il faut le temps que ça processe et fasse deux/trois trucs pour exprimer sa colère intérieure (taper sur les tables du bar qui ne sert donc plus d'alcool à 4 euros la boisson par ticket vendu en plus de l'entrée à 30/35 euros) ;
- une sécurité qui a raison de se défendre dès qu'il y a atteinte aux biens et personnes (l'accès au conteneur du bar où se trouver - sécurité! - des bouteilles en verre pour le carré VIP - 110 euros pour ne pas se mêler à la foule qui le lui a bien rendu), mais qui semble ensuite ne plus savoir acquérir une cible correctement : d'après les témoignages (dont j'espère une utilisation par la justice pour vérifier leur véracité et, s'ils sont vrais, que les auteurs de violence des deux côtés passent en criminelle ou en cour d'assise), comment va-t-on justifier la légitime défense quand on frappe au visage une femme à terre avec un extincteur ? Je crains la lecture d'un entretien dans la presse des membres de la Croix-Rouge présents sur place...
- enfin, les CRS dans leur rôle d'exception violente dans une société policée : tous dehors à l'aide des lacrymos, des flashballs et des tasers.

J'espère que des juges indépendants se pencheront longuement sur les événements de cette nuit de samedi à dimanche, car il me paraît que de nombreuses personnes doivent justifier leur comportement :
- les organisateurs incapables de prévoir des risques d'averses (méditerranéennes certes) prévues depuis au moins deux jours par Meteo France, ne serait-ce que pour la sécurité de leur investissement matériel et de leur réputation (comme je le dis, les Bretons et les Francs-Comtois se gondolent - et les anciens de Woodstock doivent en faire autant).
- les organisateurs et leur sécurité, visiblement incapables d'informer, raccompagner calmement, avec patience malgré tout, le client majoritaire qui a payé, qui est déçu, qu'on remboursera (il faut le lui répéter plusieurs fois ce genre de choses) et qu'il faudrait voir revenir l'année prochaine. Le traiter comme le vandale minoritaire d'à-côté, il faudrait savoir bloquer le vandale et écarter l'innocent, fermement certes, pas comme ce que les vidéos postées sur youTube paraissent montrées (Midi libre donne un lien pour les trouver). Entre les majeurs dégoûtés du voyage en autoroute encombrée ou de la violence subie, frappés alors qu'innocents des actes délictueux d'une minorité, les mineurs que papas-mamans retrouvent choqués, voire en sang à Lapeyronie, et la maire-subventionneuse qui a besoin des électeurs... Electromind 2010, ça va être dur de le vendre aux politiques loueurs d'espace boueux et aux clients.
- les autorités policières, préfectorales, gendarmesques et CRS pour de multiples raisons : dix mille billets, certainement beaucoup plus de personnes dans l'ensemble de Grammont (un domaine municipal comprenant terrains de sports, parkings, parc, etc.) et autour (champs, bords de voies rapides pour stationner) évacués très (trop) vite, sans contrôler si ces festivaliers sont en état de conduire un véhicule à proximité d'une entrée d'autoroute (un week-end noir pour Bison futé...). Heureusement, pas de carambolages sur l'A9 à déplorer, mais combien d'accidents encore discrets dont on va retrouver la cause dans cette évacuation rapide ?

Je comprend mieux maintenant le silence musical nocturne de samedi-dimanche, le balai des sirènes dans mon quartier proche des hôpitaux... et j'incite tous les festivaliers blessés à porter plainte, à saisir les associations de consommateurs et de sécurité routière, à poser des questions à la municipalités... Pour que justice soit rendue et que les prochaines organisations de tels spectacles à Montpellier soient irréprochables.